La #Lune et la belle #Rohini
Je vous partage un conte du livre « Légendes du Soleil, de la Lune et des étoiles » , c’est le premier livre que j’ai trouvé lorsque je suis allée à Emaus, pour dénicher mon petit coup de cœur du jour.
Une très belle histoire qui nous vient de l’inde, du périple de la lune dans les 28 demeures lunaire. Dans sa course la Lune est tombée amoureuse de la belle « Rohini » , l’une des 28 Naksatra constellations, ce qui n’était pas pour plaire à Dakshas dieu créateur et père des 28 filles. Une façon poétique de découvrir autrement le symbole lunaire.
J’ai beaucoup hésité de prendre ce livre avant la décision finale, le fait que c’est un livre destiné aux enfants et que j’avais repéré un autre livre astrologique, autre version de ce qui constitue ma bibliothèque. Et j’ai laissé parlé mon cœur et mon esprit pour la poésie lunaire.
Sans plus attendre voici le conte …
Un jour, le grand Daksha, maître de tous les êtres, fit venir la Lune.
- Ma tâche est devenue au-dessus de mes forces, lui dit-il. Aussi, je te désigne comme seigneur de la nuit. Tu auras comme emblème un lièvre, auquel tout le monde te reconnaîtra.
La Lune entra dans son immense royaume. Comme tout y était plongé dans la plus profonde obscurité, chacun, fût-il aveugle, put y remarquer la présence du nouveau maître. Celui-ci tirait beaucoup de vanité de son blason avec le lièvre aux longues oreilles, cadeau de Dasksha, aussi l’appelle-t-on depuis ce temps-là « Porteur du lièvre »
Il était bien immense, ce royaume de la Lune, mais il n’y avait âme qui vive. Pas la moindre lumière ne clignotait dans les ténèbres, pas la moindre voix ne s’y faisait entendre. Toujours seule, la Lune se tenait au milieu de la vaste et sombre voûte céleste et bientôt, elle en eut assez de régner de la sorte. Elle retourna près du créateur Dakdha, afin de se démettre de ses fonctions.
- Grand Dakshas, dit l’astre de la nuit, il est vrai que les gens sur la terre ont déjà remarqué mon blason ! Il est aussi peut-être vrai qu’ils me tiennent en plus grande estime que le Soleil. Celui-ci les fait souffrir de soif, les brûle trop de sa chaleur écrasante, tandis que ma pâle lueur les invite à ma danse et à l’amour. Mais à quoi bon tout cela ? Je m’ennuie, ô puissant créateur
- Jamais je ne reviens sur mes décisions, lui répondit Daksha d’un ton péremptoire. Tu resteras maître de la nuit. Mais pour dissiper ton ennui, je vais te donner quelques-unes de mes filles qui égayeront ta solitude.
Et Daksha fut généreux. Vingt-huit jeunes filles, plus belles les unes que les autres vinrent rejoindre l’Astre dans sa nuit noire. Toutes s’appelaient Naksatra –Constellations.!
Vite, elles s’égaillèrent sur toute la coupole céleste et se mirent à danser. L’Astre de la nuit passait de l’une à l’autre en les examinant avec un grand plaisir. Mais celle d’entre elles qui portaient sur l’épaule une grande étoile brillant d’une lueur rougeâtre, lui semblait être la plus belle de toutes. On appelle cette étoile Aldébaran chez nous, mais l’astre de la nuit ne savait pas quel nom lui donner.
Par contre, il s’était aperçu que la belle jouvencelle à l’étoile surpassait toutes ses sœurs à la danse. Lorsqu’elle dansait, ses bras graciles s’élevaient tout doucement comme de frêles tiges de bambou, rafraîchies par la pluie. Et de ses mains, les doigts s’épanouissaient comme les fins pétales de la fleur de lotus.
- Comment t’appelle le grand Daksha, ton père ? souffla amoureusement l’Astre de nuit.
- Je suis Rohini, fut la réponse, résonnant dans le ciel
- Tu es belle, Rohini, tu es la plus belle de tes sœurs. Tu es aussi souple et élancée qu’une liane, et aussi parfumée que le bois de santal. Je t’aime.
Depuis cette nuit-là, il est vrai, l’Astre continua à sa promener par tout le ciel, en observant la danse des jeunes filles Naksatra, mais le plus clair de son temps, il le passait auprès de la belle Rohini et il finit par la prendre pour épouse. Les sœurs s’aperçurent bientôt que l’Astre de la nuit avait une préférence pour l’une d’elles, ce qui les offensa beaucoup. Est-ce que nous n’avons pas les jambes et les bras aussi sveltes ? Et nos yeux ? N’ont-ils pas le même éclat que les siens ? se disaient-elles les unes aux autres. « N’avons-nous pas sur nos corps autant de bracelets et de colliers qu’elle ? »
Mais l’amour aveugla l’Astre de la nuit. Il s’attardait auprès de Rohini de plus en plus longtemps ; à peine s’arrêtait-il encore auprès des autres. Une nuit, les belles Naksatra en eurent assez et retournèrent auprès de Daksha.
- Père, nous en avons assez de l’Astre de la nuit ! s’exclamèrent les vingt-sept filles courroucées. Garde-nous chez toi ! Plutôt jeûner et passer tout notre temps en prières ici, que de regarder l’Astre de la nuit embrasser Rohini et le voir passer comme un éclair devant nous.
Dans tout ce vacarme Daksha ne savait pas à laquelle prêter l’oreille et ce fut à grand-peine qu’il comprit ce qui leur était arrivé. Immédiatement, il fit mandater l’Astre de la nuit et lui dit :
- Ce n’était pas pour que tu courtises une seule de mes filles, en tournant le dos aux autres, que je te les ai envoyées. Partage équitablement tes sourires entre toutes mes filles !
Puis il ordonna à ses filles, froissées, de retourner d’où elles venaient et il pensa que tout reviendrait en ordre. Mais d’ordre point ! L’amour et la prudence ne sont pas faits pour aller ensemble. Et l’Astre de la nuit était éperdument amoureux. Il continua à s’éterniser auprès de Rohini et les autres en faillirent suffoquer d’envie. Une nuit, incapable de résister plus longtemps, elles s’en retournèrent pour la seconde fois chez leur père.
- Je t’ai pourtant déjà dit comment te conduire, dit Daksha à l’Astre de la nuit, après l’avoir convoqué à nouveau. Prends garde ! Si cette fois-ci encore tu ne m’obéis pas, malheur à toi
La nuit suivante, l’Astre se garda bien de négliger l’avertissement de Daksha :il s’arrêta longuement auprès de chacune des sœurs, se divertissant à leur danse. Mais bientôt, il oublia la menace et il porta à sa belle Rohini un amour encore plus grand. Pour la troisième fois les Naksatra s’en allèrent dans la demeure paternelle, mais décidées cette fois, à ne plus retourner auprès de l’astre de nuit..
« Ne m’offense-t-il pas moi-même, l’Astre de nuit, en favorisant une seule de mes filles et en se comportant avec les autres comme si elles n’étaient pas filles d’un dieu ? » se dit à part soi Daksha. Et sans plus échanger un seul mot avec la Lune, il envoya sur sa tête le châtiment promis. La Lune se mit à dépérir, en proie à une brusque langueur. Elle se consumait à vue d’œil et personne ne parvenait à la guérir.
C’était en vain qu’elle offrait à Daksha des sacrifices et faisait de grandes promesses. La terrible maladie continua à la ravager et à la diminuer d’un jour à l’autre.
Seulement, avec l’Astre de la nuit tombèrent malades sur terre toutes les herbes médicinales qui tiraient leur force des rayons lunaires. Même les autres plantes perdirent leur parfums, les fleurs ne s’ouvraient plus, l’herbe se desséchait, la sève se perdait dans les arbres. Dès que ce premier désastre se fut produit, les animaux, qui se nourrissaient des plantes se mirent à dépérir, à leur tour. Et comme la viande des animaux est la nourriture des hommes, ceux-ci succombèrent à la même maladie que la Lune.
Effrayés les dieux observaient la cruelle métamorphose de la terre et de tous ses habitants. Ils se rendirent alors chez l’Astre de la nuit pour s’enquérir de ce qui lui était arrivé et chercher comment le sauver.
- Ah, plus rien au monde ne pourra me guérir, gémit le Maître de la nuit. Daksha m’a puni d’avoir aimé la belle Rohini et d’ici quelques jours, je vais mourir de phtisie.
Les dieux se rendirent aussitôt chez Daksha pour l’avertir.
- Il n’y a pas que la lune qui est en train de dépérir, ô grand créateur ; les plantes et avec elles les animaux et enfin les hommes même s’éteignent à leur tour. Dis-nous, Daksha, sur quoi allons-nous régner quand le monde entier aura péri ?
Et, à la fin, sera-ce notre tour de mourir ? Nous te supplions de lever ta malédiction et de rendre la santé au Maître de la nuit !
- Il a outragé mes filles et par là, moi-même, rétorqua Daksha avec indignation.
Et comme vous ne l’ignorez sans doute pas, je ne reviens jamais sur ma décision. Mais pour cous être agréable, en vous voyant ainsi intercéder en sa faveur, je suis tout de même disposé à restreindre le pouvoir de ma malédiction, si l’Astre de la nuit consent à obéir et comble des mêmes faveurs toutes les filles. Et quand j’aurai la certitude qu’il se divertir à la danse de toutes les Naksatra sans préférence pour aucune d’elles, il ce souffrira de sa maladie que quinze jours durant et il se rétablira dans sa quinzaine suivante. A chaque fois qu’il s’approchera de sa fin, il descendra fans le fleuve sacré Sarasvati et ses flots lui rendront la force.
Ainsi parla Daksha, le grand créateur et Maître du monde. Et il était grand temps, car la Lune était déjà aussi mince qu’un fil de soie. Personne ne l’aperçut la nuit suivante sur la sombre voûte des cieux ; elle était en train de prendre un bain dans le fleuve Sarasvati, qui prend sa source dans les montagnes sacrées et se perd au loin dans un désert aride. Mais dès le lendemain, elle réapparut dans le ciel, devenant d’une nuit à l’autre de plus en plus vigoureuse ; au bour de quinze jours, elle était aussi fraîche et bien portante qu’auparavant.
Oh, si seulement l’Astre n’avait plus à souffrir pendant la quinzaine suivante de phtisie, dont la terrible malédiction l’accablait toujours ! Une fois de plus, Daksha fit preuve de sa grande sagesse divine : la réapparition périodique de la maladie continua de lui rappeler comment se conduire avec les danseuses célestes. Dorénavant, l’Astre passait une nuit entière auprès de chacune et comme il y en avait vingt-huit, il lui fallait juste un mois pour faire le tour de toutes… Oh, maudit astre infidèle ! Ne vois-tu pas le chagrin de ta belle Rohini ? Ignores-tu à quel point elle jalouse ses sœurs, quand tu te réjouis de leur danse, tandis qu’elle doit attendre si longtemps son tour ? Il ne lui reste qu’une consolation à la pauvre : sur terre, elle est devenue la patronne de tous les amoureux. Le soir, quand ils se serrent les mains dans l’obscurité, ils lèvent les yeux vers elle et, à travers les feuilles des palmiers, ils regardent la claire étoile luisant sur son épaule
Pour le plaisir des petits et des grands …
Pour aller plus loin avec les 27/28 Nakshatras
Zodiaque Lunaire et les 27 Nakshatras sur les pas de Jupiter et Kétu
Il y aurait en réalité 28 demeures lunaires et 27 Nakshatras !
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